De l’Oubli
« L 'oubli est la condition indispensable de la mémoire »
Alfred Jarry
Sur scène il n’y a pas de pire acteur que celui qui se souvient qu’il joue. D’ailleurs dans le jeu, la mémoire fait toujours défaut. Le personnage ne demande pas à être exprimer par l’acteur, il le dénue pour la primeur de l’instant.
Un acteur qui pense à ce qu’il doit dire, comment et où se placer, comment figurer une émotion qui le traverse de mémoire, n’est un pantin sans vie.
L’oubli est la voie la plus difficile d’accès, lorsque l’on sait le nombre d’efforts, de questions, de doutes, de certitudes qui animent un acteur avant d’entrer en scène. Ces contraintes le libéreront, à une seule condition : l’oubli de soi
La volonté de bien jouer est un obstacle au jeu.
La mémoire d’un texte est un obstacle à la parole.
Bien se placer est un obstacle au mouvement.
La personnalité est un obstacle au personnage.
L’oubli est la condition nécessaire pour la plénitude de l’être en jeu.
L’honnête spectateur, ou l’enfant si vous préférez, ne se trompera jamais lorsqu’il verra un acteur sur scène qui pense à ce qu’il fait, dit ou doit ressentir.
L’oubli est la voie paradoxale du vertige pour être un autre soi.
M.J